le tube
Le tube
L'antre de l'artiste est sombre, encombré. Partout un pêle-mêle de pièces achevées ou en devenir. Discrètement oubliée, une colonne. Métal noir, section carrée, haute. En son milieu, une pièce comme un raccommodage. Prés de son sommet, une entaille profonde. Une plateforme dont émerge un humain de bois usé. Long, étriqué, sans tête.
Ce noir m'attire. Un néant dans lequel je plonge. Naissance ou noir anesthésique. Je vogue, je vis, je découvre, sans le savoir, une nouvelle existence. J'apprends que rien n'est simple, que je dois affronter les autres, faire quelque chose de mon destin. Les joies enfantines s'estompent. Dans le dos, le sac s'alourdit, plein de tracas, de soucis familiers, de maladies diverses. Par ce biais, j'essaie de me libérer du poids qu'est la vie. Mais, on colmate l'échappatoire, on suture l'ouverture par une grosse pièce fermement cousue.
Guérie, je suis...
On m'a remise dans la droite ligne de mon existence. Je dois continuer le chemin caillouteux, je l'ascensionne, l'explore, me révèle, goûte les plaisirs à petites dents pour les faire durer plus longtemps, ne vois plus le temps passer. Jusqu'au jour... où
Expulsion ou exclusion me voilà jetée hors de ce tube comme le papillon sort de sa chrysalide. Il ne se savait pas nymphe, contraint par sa carapace, vie transitoire avant la fulgurance du déploiement de ses ailes, avant son envol.
Comme lui, je ne me savais pas enfermée dans une enveloppe charnelle, contrainte par ses limites. Je prends enfin mon essor.
Je suis en tout,
Libérée.
Mais, sa tête ?
Trop lourde du fardeau de son existence, elle est tombée au fond de sa vie ? De son tube réducteur ?
Lui faudra t-il redescendre, la chercher, refaire le chemin une nouvelle fois ?
A moins qu'il ne l'ait perdue lors de son extrusion, lors de sa rencontre avec la lumière.
Alors, il est l'humain dans sa splendeur.
Marianne Ferrero Le 19 Avril 2010
L'antre de l'artiste est sombre, encombré. Partout un pêle-mêle de pièces achevées ou en devenir. Discrètement oubliée, une colonne. Métal noir, section carrée, haute. En son milieu, une pièce comme un raccommodage. Prés de son sommet, une entaille profonde. Une plateforme dont émerge un humain de bois usé. Long, étriqué, sans tête.
Ce noir m'attire. Un néant dans lequel je plonge. Naissance ou noir anesthésique. Je vogue, je vis, je découvre, sans le savoir, une nouvelle existence. J'apprends que rien n'est simple, que je dois affronter les autres, faire quelque chose de mon destin. Les joies enfantines s'estompent. Dans le dos, le sac s'alourdit, plein de tracas, de soucis familiers, de maladies diverses. Par ce biais, j'essaie de me libérer du poids qu'est la vie. Mais, on colmate l'échappatoire, on suture l'ouverture par une grosse pièce fermement cousue.
Guérie, je suis...
On m'a remise dans la droite ligne de mon existence. Je dois continuer le chemin caillouteux, je l'ascensionne, l'explore, me révèle, goûte les plaisirs à petites dents pour les faire durer plus longtemps, ne vois plus le temps passer. Jusqu'au jour... où
Expulsion ou exclusion me voilà jetée hors de ce tube comme le papillon sort de sa chrysalide. Il ne se savait pas nymphe, contraint par sa carapace, vie transitoire avant la fulgurance du déploiement de ses ailes, avant son envol.
Comme lui, je ne me savais pas enfermée dans une enveloppe charnelle, contrainte par ses limites. Je prends enfin mon essor.
Je suis en tout,
Libérée.
Mais, sa tête ?
Trop lourde du fardeau de son existence, elle est tombée au fond de sa vie ? De son tube réducteur ?
Lui faudra t-il redescendre, la chercher, refaire le chemin une nouvelle fois ?
A moins qu'il ne l'ait perdue lors de son extrusion, lors de sa rencontre avec la lumière.
Alors, il est l'humain dans sa splendeur.
Marianne Ferrero Le 19 Avril 2010